J’ai eu envie de relire Sorj Chalandon, « La légende de nos pères », pour le thème développé, pour le style si particulier de l’auteur, phrases courtes, vives et précises et pour son approche du métier d’écrivain biographe. Car, ce livre traite du métier de biographe familial, pas nègre dit l’auteur, je n’écrivais pas à la place des personnalités, je remettais en ordre les mots des simples gens…je rédigeais la mémoire des autres. Quelle relaxation que cette déconnexion à l’argent et ce renoncement à la rémunération finale ! Ceci ne serait qu’anecdotique si la lecture ne nous immergeait pas dans une intrigue plongée dans le mensonge. Le mensonge au profit d’un père qui s’est inventé un passé de résistant basé sur une blessure professionnelle au détriment d’un autre père, inconnu de son fils, enterré en toute simplicité, neuf personnes et trois drapeaux, alors que lui, appartenait au réseau « Vengeance » avec deux de ses plus fidèles amis. Mais peut-être dois-je dire que j’ai surtout aimé les réflexions de l’auteur face à son interlocuteur, face aux difficultés de ce métier résumées dans ce chapitre 24 final, le mardi 28 octobre 2003 qui aurait dû être un jour de joie. En effet, chacun d’entre nous, sait bien que la remise du livre finalisé est un moment solennel, un moment de vérité. Très belle et émouvante lecture autour de ce trio constitué par Brumaire, Lupuline et son père Tescelin Beuzaboc qui fait une place importante à l’honnêteté et au patriotisme.
© F-M Pailler05/02/23