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Départ à la guerre des cinq frères Prat’

Lorsque le 1er août 1914 est décrétée la « mobilisation générale de tous les hommes valides » à la suite de la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France et que toute la future Europe s’embrase, ils n’ont que quatre et trois ans.

Bien que persuadés que cette guerre sera courte et qu’après un petit tour à Berlin, ils seront de retour, les cinq frères Prat’ confient l’entreprise aux femmes et surtout à leur mère. Le carnet de commandes est bien plein mais les ouvriers sont eux aussi obligés de monter dans les trains qui démarrent de la gare et seuls restent les plus âgés.

Les épouses sont tristes, bien sûr, mais on leur dit tellement que les hommes seront de retour avant les bourgeons du printemps qu’elles pensent qu’elles devraient tenir le coup jusque-là. Pourvu qu’ils aient une permission à Noël pense Jeanne au moment où, ses deux garçons accrochés à sa robe, elle donne un baiser à Lucien sur le pas de la porte de la rue Vauban. Louis pleure, il a compris en entendant son père faire toutes ses recommandations qu’il ne rentrera plus tous les soirs, pendant un long moment et ne viendra pas l’embrasser dans son lit avant qu’il ne s’endorme.

Ce soir-là, à Recouvrance, la maison paraît plus grande que d’habitude, pleine de bruits, de craquements, de dangers et Jeanne va s’endormir dans ce grand lit froid, réchauffée par ses garçons qui se collent à elle de chaque côté.

En l’absence de son père, P’tit Louis se sent plein de responsabilités. Le matin au petit déjeuner, il analyse le visage de sa mère qui a perdu la beauté resplendissante qu’il avait à la suite de ses deux grossesses rapprochées qui, malgré la fatigue, l’avaient rendue radieuse. Elle a encore pleuré cette nuit.

Blouse grise, béret sur la tête, il donne la main à son petit frère pour aller à l’école communale distante d’un kilomètre et demi et très responsabilisé par sa mère depuis le départ du père, demande toujours si en rentrant, il doit passer chez le boulanger :

Oui, n’oublie pas de lui dire que je passerai le régler à la fin de la semaine, s’entend-t-il répondre.

Les galoches sont lourdes, elles manquent d’entrain et résonnent tristement sur les pavés du trottoir.

Finalement, le voyage de Lucien et de ses frères ne les a pas conduits à Berlin démentant les nombreuses pancartes « Nach Berlin » accrochées aux fenêtres des compartiments dans lesquels les hommes se sont entassés. On leur a dit de descendre bien avant et à l’entrée du village où le train s’est arrêté, ils ont vu la pancarte « Verdun ».

La première lettre reçue est rassurante. Elle vient du Mans, «  je mange bien et nous sommes deux ou trois du Finistère dans ma compagnie. Il a même ajouté qu’entendre l’accent du pays, là où on leur a dit qu’ils allaient, dans la Meuse, ferait un peu comme si on revenait pour une permission, mais il poursuivait très mélancolique, la grande différence, c’est que je ne peux pas te serrer contre moi, ma Jeanne !».

La bonne éducation de Lucien et ses connaissances de la gestion d’entreprise l’ont fait nommer au Secrétariat des gradés. Son Capitaine est sympathique avec lui et très rigoureux mais ça ne lui déplait pas.

Jeanne a lu la lettre aux enfants et n’a pas pu échapper à la question de Louis "il rentre quand papa ?". Elle s’est mise à pleurer et n’a pas su vraiment quoi répondre à part "bientôt".

Dans sa lettre, Lucien précisait qu’ils avaient reçu leur paquetage au Mans pour certains et que d’autres avaient ensuite continué sur Mayenne. C’est comme ça qu’il savait que Victor avait été affecté aux transmissions et que Vincent avait levé le pouce quand il avait appris qu’il était infirmier-brancardier et avait tout de suite mis son brassard blanc avec une croix rouge. Il regrettait de ne pas avoir de nouvelles d’Etienne et de Louis qui eux, avaient été dirigés sur Mayenne et il avait même entendu l’adjudant dire, au moment de l’appel, "pas tous les Pratividec ensemble !"

Cinq frères en même temps au service de la Nation et à la défense de la France. Ce n’était pas rien et il espérait pour chacun d’eux.

Les Pratividec étaient une famille de patriotes et réunis autour de leur mère pour le repas du dimanche, à l’approche de la guerre, chacun y allait de son couplet sur la patrie. C’était Vincent le plus artiste, le plus poète qui à défaut de chanter ou de jouer un petit morceau au violon à la fin du repas, aimait en ces temps d’inquiétude se laisser aller à déclamer :

"La Patrie, ce n’est pas seulement le mézou de Kervajean, le ruisseau de Kersaint, la flèche du clocher de Landunvez ou la cime de nos arbres ou encore les chansons de nos Fest Noz !
La Patrie, c’est la Picardie pour les habitants de la Provence, notre Bretagne pour les montagnards du Jura, c’est tout ce que notre vieille France contient de pays et de citoyens dans les vastes limites du Rhin, des Pyrénées et de l’Océan !

La Patrie, c’est ce qui parle notre langue, c’est ce qui fait battre nos cœurs, c’est l’unité de notre territoire et de notre indépendance, c’est la gloire de nos pères, c’est la communauté du nom français, c’est la grandeur de la liberté !

La Patrie, c’est la nation que tu dois aimer, honorer, servir et défendre de toutes les facultés de ton intelligence, de toutes les forces de tes bras, de toute l’énergie et l’amour de ton âme."

Rien ne pouvait l’arrêter, même un signe de son épouse, Anne-Marie Pellen qui savait que le bon repas bien arrosé lui donnait de la voix et qu’inévitablement, ça se terminerait en parlant de Napoléon.

"Quand on aime sa Patrie, on est patriote. Le patriotisme traduit l’attachement de l’âme de l’homme à toutes ces images sensibles devenues sentiments pour lui. Riche ou pauvre, peu importe, c’est le toit de l’espace de sa vie. Il y a autant de patriotisme dans le petit champ que dans le grand domaine ! Il y a autant de patriotisme à défendre la masure dégradée couverte de chaume et de mousse que la demeure en granit, resplendissante au soleil. Moi, pour entretenir et cultiver mon patriotisme, j’ai deux modèles : notre grand-père Etienne, soldat de la Grande Armée et Napoléon à Austerlitz !

Napoléon à Austerlitz, une silhouette de cavalier qui se profile à gauche d’une haute futaie de chênes aux feuilles tombées et qui domine toute l’armée française garnissant un terrain long de neuf kilomètres. Coiffé d’un bicorne, enveloppé d’une redingote grise, botté jusqu’aux genoux, l’Homme monte un cheval blanc qui hennit d’impatience et frappe le sol rudement d’un sabot de l’avant train, quand, près de lui, dans la vallée encore remplie de brume, des dragons défilent.

Sur le plateau, des acclamations hautes et prolongées arrivent :

"Vive l’Empereur !"

Ce couplet impérial légèrement délirant, tous les frères et belles-sœurs le connaissent mais chacun fait silence et applaudit à la fin. Vincent lève son verre, ses frères l’imitent, les belles sœurs accompagnent et tout le monde crie :

"Vive l’Empereur !""

Les deux garçons jouent souvent avec leur cousine Annick, née elle au foyer de Victor mais sa mère, Joséphine, sœur d’Anne-Marie Pellen, devait décéder d’une septicémie dans les mois qui suivirent son accouchement. Elle laissait cette petite orpheline sous l’autorité d’un père absent, flambeur et tonitruant qui ne tarda pas à se remarier l’obligeant à cohabiter quelques temps plus tard avec une demi-sœur, Marie-Louise.

Anne-Marie Pellen, qui tardait à avoir un enfant se substitua à sa sœur décédée, la prit alors sous sa coupe, sous sa domination, car elle était forte femme et Annick ne tarda pas à la considérer comme sa mère et à vivre au foyer de Vincent et d’Anne-Marie ou à se réfugier chez sa grand-mère Pailler.

P’tit Louis est bon élève et son instituteur, après avoir ajusté ses lorgnons, fait beaucoup de compliments de lui à sa mère :

Il faudra qu’il passe l’examen de sixième et aille au Lycée, Madame Pratividec. Enfin, on a encore le temps et vous verrez ça, avec votre mari quand il rentrera du front.

Les lettres qui arrivent de là-bas sont rares et ça fait bien trois mois que Jeanne a répondu au SP 363. P’tit Louis avait écrit quelques mots sur la lettre de sa mère car il commençait à savoir écrire et aimait ça. Depuis, plus rien, et ce qu’on lisait dans les journaux n’était pas rassurant. On est en 1916, il y a eu de terribles combats dans les tranchées où les poilus pataugent dans la boue et cohabitent avec la vermine et les rats. Il y a de très nombreux morts et chaque fois que Jeanne aperçoit les gendarmes, elle frémit à l’idée que l’annonce d’une terrible nouvelle puisse être pour elle. Que deviendrait-elle ? Et ses garçons ? Lucien, son second, si fragile.

On entendait dire et on lisait que les allemands avaient utilisé les gaz et que nos soldats avaient reçu, en dotation, un masque et un tampon rempli de chaux à se mettre sur la bouche en cas de danger. Ils dormaient avec ça à côté d’eux, car à la moindre alerte, il fallait se protéger. Le chlore, ce n’était pas bon pour les poumons. Enfin, la prochaine lettre du père dirait si tout ça était bien vrai.

P’tit Louis trouve le temps long sans son père et ça fait le troisième Noël qu’il passe sans lui. Toute la famille s’est réunie autour de la grand-mère Pratividec, le 25 décembre 1917, rue Louis Pasteur et les belles-sœurs ont mis en commun les nouvelles du front.

Vincent qui est infirmier-brancardier avait écrit qu’il y avait beaucoup de morts et que c’était difficile voire très dangereux d’aller relever les blessés en première ligne sous les balles qui sifflaient de partout. Et puis ajoutait-il, maintenant il y a les gaz et les allemands ne se privent pas. C’était donc bien vrai ce qu’on lisait dans les journaux. Il ajoutait, « ils regardent le sens du vent et ils ouvrent les bouteilles ! ». Lui-même avait failli se faire piéger et heureusement qu’il avait son masque en bandoulière et l’avait mis tout de suite mais avec sa barbe, ça accrochait et ce n’était pas très étanche. Avec le masque, on avait aussi plus de mal à respirer et à ramener les morts sur les brancards, en courant pour éviter les tirs de l’ennemi. Dans sa toute dernière lettre, il précisait que là où ils étaient, ils avaient relativement de la chance parce que les Allemands, contrairement à ce qu’ils avaient fait sur le front belge, n’avaient pas utilisé l’ypérite, cette saleté qui brûlait les mains, le visage et les poumons.

Plus tard, longtemps après la démobilisation dont sa seule gloire était d’arborer la Croix de guerre avec deux étoiles mais sans palme, dans les moments d’intimité qui les voyaient réunis à la chasse ou à la pêche, il se laissera aller, la voix pleine d’émotion, à confesser à Louis qui se lance dans les études de médecine, que la mission de brancardier était la plus belle qui soit en temps de guerre : "sauver les blessés, préserver la vie d’un pauvre bougre qui se vide goutte à goutte par une plaie sanglante et savoir que l’on a pu adoucir les derniers moments de gars qui voulaient vivre plus de vingt ans".

Il tirait satisfaction de savoir que le brancardier était choisi parmi les musiciens ou fanfaristes, les infirmiers civils et les ecclésiastiques. C’était donc bien parce qu’il était musicien qu’il avait été choisi !

Les cinq frères avaient tous demandé à leurs épouses de leur rouler des cigarettes d’avance parce que où que l’on soit, dans les tranchées ou ailleurs, on manquait de tabac, on était à l’étroit et c’était très humide.

Dans leurs dernières lettres, ils concluaient qu’il leur semblait que les Allemands n’étaient plus aussi vaillants et qu’ils entendaient dire, surtout Lucien par son Capitaine, qu’on s’acheminait peut-être vers la fin de cette terrible guerre qui avait fait des millions de morts, grâce à l’intervention des Américains qui avaient décidé d’apporter leur soutien à la France.

P’tit Louis qui écoutait tout et comprenait tout, avait dit :

Alors, papa et les oncles vont rentrer et ça sera comme avant ?

La seule réponse des femmes avait été de longs soupirs.

La vie est bien monocorde et à part la messe, le dimanche, le catéchisme, le jeudi, les garçons ne trainent guère dans la rue, par prudence. La seule autorisation qui leur est concédée, est de jouer à la marelle avec leur cousine, un peu plus haut sur la place, bien qu’il y ait un café que leur mère et sa sœur n’aiment pas beaucoup car les hommes qui ne sont pas partis au front y viennent voir des filles de mauvaise vie.

Jeanne, jolie jeune femme blonde aux cheveux qui avaient tendance à friser dans l’humidité environnante de cette ville toujours balayée par le vent et le crachin, c’est en venant inspecter un de ses chantiers un peu plus haut que Lucien l’avait aperçue devant le commerce que tenait sa mère rue Vauban, à Recouvrance. Il l’avait aperçue et son visage ne l’avait plus jamais quitté…Alors, il était revenu !

Marqué par son allure altière et discrète il avait tout de suite pensé qu’elle ferait une future excellente épouse et pourquoi pas, une très bonne mère de famille.

Il avait besoin à ses côtés de quelqu’un qui ait du caractère pensait-il, lui que l’on disait très conciliant et soumis à l’autorité d’une mère qui avait eu à gérer un mari et cinq garçons.

Quand il avait osé lui adresser la parole quelques temps plus tard, faisant en sorte que la rue Vauban soit obligatoirement sur son trajet, elle avait été surprise qu’un homme aussi élégant que lui, ait un métier qui le mène sur les chantiers. Sa moustache et sa raie au milieu de cheveux bien ordonnés lui donnaient l’apparence sérieuse d’un chef d’entreprise et elle avait décidé de lui faire confiance.

Jusqu’en 1917, la vie des Brestois n’a été mêlée que de très loin à la première guerre mondiale. Bien sûr, nombre d’entre eux, comme les cinq frères Prat’, sont partis combattre dans les tranchées, laissant aux femmes la responsabilité du travail et de la famille, mais la ville est restée relativement calme. Le port est vidé de ses navires et les ateliers de l’arsenal se recyclent dans la fabrication, grâce aux femmes, de munitions et de matériel de guerre. Depuis 1915, de nombreux cargos partent de Brest chargés de matériel destiné à aider les Alliés et la différence avec la ville d’avant 1914, c’est que les quais sont devenus très cosmopolites et il n’est pas rare de croiser, des soldats russes ou portugais, des prisonniers tchèques, des coloniaux annamites et kabyles, rappelant que ce conflit est bien mondial.

La physionomie de la ville va changer en 1917 lorsqu’après la sollicitation du Maréchal Joffre, le Président Wilson accepte d’envoyer un corps expéditionnaire en Europe et qu’un premier convoi américain d’environ 12000 hommes prend ses quartiers dans la vieille caserne de Pontanézen, le 12 novembre 1917.

Brest apparaît dès lors comme le seuil portuaire de l’Europe et chaque mois, au cours de l’année 1918, ce sont 100000 hommes qui abordent et 200000 tonnes de matériel qui sont réceptionnées.

Quand Jeanne, flanquée de ses deux garçons, franchit la Penfeld pour rendre visite à sa belle-mère, rue Louis Pasteur, c’est entourée de "Samies" qu’elle fait une centaine de mètres dans la rue de Siam avant de prendre à gauche la rue de Lyon. L’odeur de la cigarette américaine, à peine balayée par l’air de la mer, se répand partout et confirme la présence de nos alliés que relate le journal de la base, The Pontanezen Duckboard.

Quelques années plus tard, les Américains édifieront, sur une parcelle qui leur a été donnée par la municipalité, une impressionnante tour de 50 mètres de haut, sorte de phare à trois étages en granit rose poli de Ploumanac’h, dominant le port de commerce. Les Allemands la feront sauter le 4 juillet 1941. Reconstruite à l’identique en 1958, elle demeure le symbole de l’aide américaine à notre pays au cours des deux conflits mondiaux.

Mais, à l’approche de la fin de la guerre, dans la joie de retrouver les hommes, la santé de l’entreprise inquiète la grand-mère Marie-Louise. Les ouvriers qui ne sont pas partis au front ont fait tout ce qu’ils pouvaient mais c’est le carnet de commandes qui n’a pas suivi. L’entreprise a tourné au ralenti parce que l’activité économique a tourné elle-même au ralenti, à Brest comme ailleurs, sauf à l’arsenal et dans les poudreries avoisinantes de Pont de Buis ou de Châteaulin où elle s’est maintenue, mais les édifices publics ou les particuliers n’ont guère eu besoin des services d’un couvreur.

Les hommes politiques et notamment Georges Clémenceau, surnommé « le Père la Victoire » sont devenus soudainement raisonnables, influencés par le nombre de morts qu’a fait cette guerre des deux côtés et c’est le 9 novembre 1918, l’abdication de Guillaume II, empereur de Prusse. Elle conduit à la signature de l’armistice, deux jours plus tard, dans un wagon de chemin de fer, à Compiègne, par les Maréchaux Foch et Weygand, assistés de deux amiraux britanniques, d’un côté de la table, avec en face d’eux, comme interlocuteurs, le Ministre d’Etat allemand Matthias Erzberger et le Général major Detlof von Winterfeld, coiffé de son casque à pointe.

Si Dieu le voulait bien, les cinq frères Prat’ allaient rentrer et être démobilisés, mais ils ne retrouveraient pas leur gagne-pain au sein de l’entreprise familiale et c’est ce qui se produisit lorsque le clairon sonna la fin des combats dans la clairière de Rhetondes.

La signature de l’armistice, le 11 novembre 1918, devait être suivie de la tenue du Traité de Versailles le 28 juin 1919 dans la Galerie des glaces du Château. Il entraîna le retour dans les frontières nationales de l’Alsace et de la Lorraine mais les exigences de Georges Clémenceau quant au montant du dédommagement en marks or, suscita chez les adversaires une grande colère et un désir de revanche qui devaient trouver leur aboutissement vingt ans plus tard.

Peu importaient pour Louis et son jeune frère Lucien, les circonstances dans lesquelles avait été signé l’armistice. Leur père allait rentrer, leur mère qui était enceinte d’un troisième enfant conçu au cours d’une permission allait retrouver le sourire, tout allait redevenir plus léger, plus facile. Malheureusement, cette mère si dévouée, si aimante, mourut, après avoir accouché de Jean, quelques jours avant que le père ne soit démobilisé et rentre.

Lucien franchit alors le seuil de sa maison, veuf et père de trois garçons.



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